La colonel n’est pas un histrion

Le chef du détachement artillerie de l’armée française en Irak, le colonel François-Régis Legrier, critique dans la très officielle “Revue de défense nationale” la manière américaine de faire la guerre au Levant : détruire les infrastructures en s’aliénant la population sans éliminer l’ennemi. Fureur du ministre Florence Parly qui fait retirer l’article.

LE COLONEL a-t-il écrit trop vite [1] ? Dans un essai précédent (“Si tu veux la paix , prépare la guerre”, Via Romana, 2018) François-Régis Legrier avait défendu la « légitime intervention du militaire dans le débat public », en s’appuyant sur les travaux du philosophe Henri Hude. « Pour ne pas se laisser enfermer dans le rôle d’âme damnée ou d’histrion. » Continuer la lecture de « La colonel n’est pas un histrion »

Pourquoi personne ne croit à l’attaque chimique de Bachar-el-Assad ?

L’écrasante majorité des États membres de l’Organisation pour l´Interdiction des armes chimiques ne suit pas la thèse franco-américaine sur l’attaque chimique de Bachar-el-Assad.

L’ACCUSATION des Occidentaux à l’encontre du gouvernement syrien d’avoir opéré une attaque chimique à la Douma (quartier de Damas), le 7 avril dernier a été le motif de la campagne de bombardements de la Syrie par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France du 14 avril, avant même que les inspecteurs de l’OIAC (Organisation pour l´Interdiction des armes chimiques) soient arrivés sur place. Continuer la lecture de « Pourquoi personne ne croit à l’attaque chimique de Bachar-el-Assad ? »

Feu d’« artifices » sur Damas

De source diplomatique et militaire, décryptage des événements du jour en Syrie.

LE FEU D’ARTIFICE de cette nuit du 14 avril a été organisé après un accord tacite russo-américain. Après trois jours de discussions, et surtout après les menaces de Poutine de couler les navires américains tirant des missiles sur la Syrie au cas où ils toucheraient à un seul cheveu d’un soldat syrien, russe ou iranien, les « Alliés » ont décidé d’une frappe de communication. Celle-ci a été validée par les Russes. Continuer la lecture de « Feu d’« artifices » sur Damas »

Au Congo de Kabila, on réprime bien les catholiques

EN RD-Congo, l’Église catholique s’engage ouvertement dans la dissidence politique. Ce dimanche 21 janvier, un collectif catholique appelait à une grande manifestation contre le régime de Joseph Kabila. Bilan : six morts, 250 arrestations.

LA MARCHE de protestation pacifique lancée ce dimanche 21 janvier par un collectif d’intellectuels catholiques contre le maintien au pouvoir du président Kabila a été sévèrement réprimée. Au moins six personnes ont été tuées. Selon un porte-parole de la Mission des Nations-unies au Congo (Monusco), au moins une cinquantaine de personnes ont été blessées dans les affrontements. Continuer la lecture de « Au Congo de Kabila, on réprime bien les catholiques »

RD-Congo : « L’Église catholique
engage le bras de fer avec le pouvoir »

EN RD-Congo, l’Église catholique a pris la tête de l’opposition au régime de Joseph Kabila. Ce dimanche 21 janvier, un collectif catholique appelle à une grande manifestation contre la dictature. J’ai interrogé pour Aleteia le journaliste Laurent Larcher, qui couvre l’Afrique au service Monde du quotidien La Croix, sur la situation. Il explique pourquoi l’Église s’engage ouvertement dans la dissidence politique.

La République démocratique du Congo (RD-Congo) s’enfonce dans la crise. Des massacres ont été signalés au centre du pays. À Kinshasa, les manifestations contre le gouvernement s’enchaînent sans discontinuer mais sont violemment réprimées. Les catholiques se sont imposés comme le fer de lance de l’opposition au régime, avec le soutien de Rome et des puissances occidentales : que demande l’Église au gouvernement congolais ?

Laurent Larcher. L’Église demande l’application de l’accord que le gouvernement a signé, sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale congolaise (Cenco), avec l’opposition, le 31 décembre 2016. Le gouvernement s’était engagé à mettre en place une transition politique, en attendant l’organisation d’élections présidentielles, législatives et communales d’ici à la fin de 2017. Un an plus tard, rien n’a été fait. Continuer la lecture de « RD-Congo : « L’Église catholique
engage le bras de fer avec le pouvoir » »

Iran : « Le cerveau organisateur des troubles reste à identifier »

Spécialiste de l’Iran, professeur de géopolitique à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, Thomas Flichy de La Neuville répond aux questions de Philippe de Saint-Germain pour Aleteia sur les émeutes qui secouent la République chiite ennemie de l’Arabie saoudite et de Daech. Contrairement aux apparences, le pays des ayatollahs n’est pas le pays le plus éloigné de l’Occident. Sa déstabilisation aurait de graves répercussions dans l’ensemble du Moyen-Orient.

Le mouvement de manifestations qui se propage en Iran est le plus important qu’ait connu le pays depuis 2009. La répression scandalise l’Occident. Que se passe-t-il exactement ? L’élection du modéré Hassan Rohani en 2013, puis sa réélection en 2017, n’auraient-elles pas dû apaiser la contestation populaire ? 

Thomas Flichy de La Neuville. — L’Iran est actuellement en proie à un mouvement de contestation lié à la situation économique du pays. La raison en est la suivante : le gel des activités nucléaires de l’Iran devait avoir pour contrepartie le dégel des avoirs iraniens. Or rien de tel ne s’est produit, si bien que la population estime avoir fait l’objet d’un marché de dupes. La population iranienne dirige donc logiquement son ressentiment vers le gouvernement actuel, qui tâche de faire des concessions en sa faveur. Continuer la lecture de « Iran : « Le cerveau organisateur des troubles reste à identifier » »

Fr. Olivier-Thomas Venard :
« À Jérusalem, réintroduire
du “religieux” est un jeu dangereux »

Le frère Olivier-Thomas Venard op, vit et travaille à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem depuis près de dix-sept ans. Directeur du programme de recherches La Bible en ses Traditions, auteur de deux ouvrages et de plusieurs articles sur la situation en Terre sainte, il répond à mes questions pour Aleteia sur l’impact de la position américaine concernant le statut de Jérusalem.

Aleteia. — Le président américain, Donald Trump, a annoncé, mercredi 6 décembre, que les États-Unis reconnaissaient désormais Jérusalem comme capitale d’Israël. Cette promesse de campagne a déchaîné des violences dans le monde arabe, et la désapprobation générale dans les chancelleries. Quel est le contexte historique de cette annonce ? Comment peut-elle s’expliquer ?

Fr. Olivier-Thomas Venard. — On peut essayer de le comprendre de trois façons, aucune n’est très satisfaisante. Du point de vue de Donald Trump lui-même — la décision a été prise semble-t-il contre l’avis de son secrétaire d’État et de son ministre de la Défense —  il s’agit de bouleverser la donne, pour faire surgir une nouvelle solution, un meilleur « deal », comme il dirait… Continuer la lecture de « Fr. Olivier-Thomas Venard :
« À Jérusalem, réintroduire
du “religieux” est un jeu dangereux » »

Au nom des droits de l’homme, l’ONU veut s’opposer au droit à la vie

« Nous sommes contre. » Un collectif de 110 juristes, auquel je suis associé comme journaliste, s’oppose au Comité des droits de l’homme de l’ONU qui encourage les États à faciliter le prétendu droit à l’avortement et à l’euthanasie. Tribune publiée par Causeur.

RENÉ CASSIN, un Français, est à l’origine de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. D’une valeur juridique non contraignante mais d’une portée exceptionnelle après la fin de la barbarie nazie, cette Déclaration a été convertie en un instrument juridiquement contraignant : le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, adopté à New York en 1966 et ratifié par 168 États. Continuer la lecture de « Au nom des droits de l’homme, l’ONU veut s’opposer au droit à la vie »

Roland Hureaux : « La provocation indépendantiste de la Catalogne condamne l’Europe des régions »

Mon interview dans Aleteia de Roland Hureaux, ancien haut fonctionnaire et diplomate, sur les origines de la crise politique en Catalogne et ses conséquences en Europe.

La tentative de coup de force séparatiste de la part de la Generalitat de Catalunya, a révélé une crise du modèle fédéral du royaume d’Espagne. Pourtant ce modèle paraissait équilibré, comme une bonne illustration du principe de subsidiarité. Cette crise était-elle prévisible ?

Roland Hureaux. — Je ne crois pas que ce que vous appelez le modèle fédéral espagnol ait jamais atteint son point d’équilibre. Il ne résulte nullement de l’application du principe de subsidiarité, mais du contexte particulier de l’Espagne. Certaines régions espagnoles comme la Catalogne ou le Pays basque sont caractérisées depuis longtemps par un particularisme, dû notamment à l’existence d’une langue propre. Continuer la lecture de « Roland Hureaux : « La provocation indépendantiste de la Catalogne condamne l’Europe des régions » »

Jean Sévillia : « L’Autriche va changer la donne en Europe »

AU COEUR DE L’EUROPE, l’Autriche redonne le pouvoir aux conservateurs. Peu de réels changements en perspective, mais une inflexion régionale certaine qui pèsera sur la politique de l’Union européenne. Mon interview parue sur Aleteia de l’historien Jean Sévillia, spécialiste de l’Autriche et biographe du Dernier Empereur (Perrin).

Le futur chancelier, le très jeune Sebastian Kurz (31 ans), annonce l’ouverture de négociations avec le FPÖ, classé à l’extrême-droite selon les standards médiatiques, pour constituer le nouveau gouvernement. Cela provoque l’indignation dans les capitales européennes. Faut-il s’attendre à un bouleversement politique régional ?

Jean Sévillia. — Les Autrichiens n’ont pas une approche idéologique de la politique comme  les Français qui projettent volontiers leurs schémas hexagonaux sur une réalité totalement différente. À Vienne, les coalitions gouvernementales se négocient sur des programmes, de manière purement pragmatique, aussi bien entre conservateurs et sociaux-démocrates qu’entre sociaux-démocrates et populistes de droite. Kurz ne fait que proposer la reconduction de l’alliance conservateurs-nationaux populistes qui a gouverné l’Autriche entre 2000 et 2007. À l’époque, cette alliance avait soulevé un tollé en Europe. Jacques Chirac avait appelé à des sanctions européennes… qui ont été levées après six mois quand il a bien fallu s’apercevoir que l’Autriche restait un État de droit où les institutions démocratiques continuaient de fonctionner ! Continuer la lecture de « Jean Sévillia : « L’Autriche va changer la donne en Europe » »