Arnaud Beltrame :
un homme d’honneur

La France a rendu hommage au colonel Arnaud Bertrame. En donnant sa vie pour en sauver une autre, l’officier a suivi sa conscience. C’était un homme d’honneur. Pourquoi parle-t-on si peu de l’honneur aujourd’hui ?

HONNEUR. Il n’y a plus que les militaires pour parler de l’honneur. Dans son communiqué après la mort d’Arnaud Beltrame, le général Lecointre, chef d’état-major des armées, écrit à l’officier qui a donné sa vie : « Votre acte héroïque est emblématique des valeurs de notre engagement au service de la Nation, au premier rang desquelles l’honneur. » Continuer la lecture de « Arnaud Beltrame :
un homme d’honneur »

François Huguenin : « La laïcité a besoin du monde chrétien »

Dans Le Pari chrétien, François Huguenin s’interroge sur les conditions nouvelles dans lesquelles les chrétiens affrontent leur responsabilités politiques. Comment être une minorité créatrice, influente, dans un monde qui a cessé d’être chrétien ? La réponse tient dans ce paradoxe : c’est dans leur distance à l’égard du pouvoir que se trouve leur véritable puissance politique. Mon entretien avec lui publié par Causeur.

Philippe de Saint-Germain — Dès l’origine, le christianisme s’est pensé comme une religion « dans le monde mais non pas du monde ». Comment ce monde en France a-t-il cessé d’être chrétien ?

François Huguenin. — C’est une longue histoire, à l’évolution complexe, et qui remonte au moins au XVIIe siècle. Ce qui est entièrement nouveau, c’est que la déchristianisation va de pair aujourd’hui avec la perte des valeurs communes. Non seulement la société n’est plus chrétienne, mais la morale — qui n’est pas religieuse en elle-même — n’est plus universelle au sens où elle ne constitue plus un point de rencontre entre chrétiens et non-chrétiens. Pendant des générations, la pratique religieuse a diminué, mais la conscience collective restait de « marque » chrétienne, pour reprendre l’expression de Pierre Manent. De nos jours, les chrétiens pratiquants ne représentent guère plus de 4 à 5% de la population, et la majorité des Français qui persistent à se dire catholiques ne vit plus comme dans une société moralement ou culturellement chrétienne. Continuer la lecture de « François Huguenin : « La laïcité a besoin du monde chrétien » »

8 mars, Journée internationale de la femme

Chronique pour le nouveau magazine féminin « Aime », à propos de la 51e édition de la Journée internationale des droits des femmes. Tandis que les pontifiants discours sur l’égalité des sexes vont encore pleuvoir, Mesdames, Mesdemoiselles, restez supérieures !

À QUATRE-VINGT-TREIZE ANS, le grand-père du poète israélien Amos Oz convoqua son petit-fils dans son bureau : « Il est temps que nous parlions de la femme. » Jetant un œil circulaire comme pour vérifier qu’ils étaient bien seuls, l’aïeul reprit : « Ce que j’ai appris, je voudrais t’en instruire aujourd’hui. Fais bien attention à ce que je vais te dire. La femme, sur certains plans, elle est exactement comme nous. Pareille. Absolument. Mais sur d’autres points, elle est complètement différente. Pas du tout la même. » Après un silence, un sourire illumina son visage : « Mais quoi ? Sur quels plans la femme est-elle exactement comme nous et sur quels autres est-elle très différente ? » Il conclut en se levant : « J’y travaille encore [1]. » Continuer la lecture de « 8 mars, Journée internationale de la femme »

Au Congo de Kabila, on réprime bien les catholiques

EN RD-Congo, l’Église catholique s’engage ouvertement dans la dissidence politique. Ce dimanche 21 janvier, un collectif catholique appelait à une grande manifestation contre le régime de Joseph Kabila. Bilan : six morts, 250 arrestations.

LA MARCHE de protestation pacifique lancée ce dimanche 21 janvier par un collectif d’intellectuels catholiques contre le maintien au pouvoir du président Kabila a été sévèrement réprimée. Au moins six personnes ont été tuées. Selon un porte-parole de la Mission des Nations-unies au Congo (Monusco), au moins une cinquantaine de personnes ont été blessées dans les affrontements. Continuer la lecture de « Au Congo de Kabila, on réprime bien les catholiques »

RD-Congo : « L’Église catholique
engage le bras de fer avec le pouvoir »

EN RD-Congo, l’Église catholique a pris la tête de l’opposition au régime de Joseph Kabila. Ce dimanche 21 janvier, un collectif catholique appelle à une grande manifestation contre la dictature. J’ai interrogé pour Aleteia le journaliste Laurent Larcher, qui couvre l’Afrique au service Monde du quotidien La Croix, sur la situation. Il explique pourquoi l’Église s’engage ouvertement dans la dissidence politique.

La République démocratique du Congo (RD-Congo) s’enfonce dans la crise. Des massacres ont été signalés au centre du pays. À Kinshasa, les manifestations contre le gouvernement s’enchaînent sans discontinuer mais sont violemment réprimées. Les catholiques se sont imposés comme le fer de lance de l’opposition au régime, avec le soutien de Rome et des puissances occidentales : que demande l’Église au gouvernement congolais ?

Laurent Larcher. L’Église demande l’application de l’accord que le gouvernement a signé, sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale congolaise (Cenco), avec l’opposition, le 31 décembre 2016. Le gouvernement s’était engagé à mettre en place une transition politique, en attendant l’organisation d’élections présidentielles, législatives et communales d’ici à la fin de 2017. Un an plus tard, rien n’a été fait. Continuer la lecture de « RD-Congo : « L’Église catholique
engage le bras de fer avec le pouvoir » »

Message du pape pour la Journée du migrant et du réfugié : quelques clés de lecture

Mon interview dans Il est vivant sur le message du pape pour la Journée du migrant et du réfugié. « La sécurité d’une nation ne peut se faire sur le dos des plus faibles, nationaux en situation précaire ou migrants, d’où qu’ils viennent. »

Il est vivant. — Dans son message pour la journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, rendu public le 21 août, le pape François a écrit : « Le principe de centralité de la personne humaine nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. » Dans un contexte de grande insécurité en Europe, cette phrase n’a pas toujours été bien accueillie. Qu’a-t-il voulu dire ?

Philippe de Saint-Germain. — Dans ce passage, il est évident que François n’a pas voulu opposer la sécurité des nationaux à celle des migrants. Il ne prétend pas non plus que les États doivent sacrifier leur sécurité à l’accueil des étrangers. La sécurité d’une nation ne peut se faire sur le dos de la sécurité des plus faibles, quels qu’ils soient : nationaux en situation précaire, migrants d’où qu’ils viennent, malades en fin de vie ou fœtus dans le ventre de leur mère. Sur tous ces points, la doctrine de l’Église est cohérente et ne peut varier. De même et c’est du bon sens, la sécurité des plus faibles ne peut se faire sur le désordre, l’anarchie et l’ébranlement de l’identité nationale. Continuer la lecture de « Message du pape pour la Journée du migrant et du réfugié : quelques clés de lecture »

Fr. Olivier-Thomas Venard :
« Le salut apporté par Jésus
n’est d’aucun parti »

Le soir du 24 décembre, France 2 a tenté en quelques minutes une fresque « politique » de la vie de Jésus. « De quel parti était le Messie ? » Interrogé par la chaîne française, le frère Olivier-Thomas Venard, professeur de Nouveau Testament et vice-directeur de l’École biblique de Jérusalem, a recadré le sujet. « Jésus ne fait pas de politique mais il est le seul à faire de la politique. » Mon interview du dominicain, pour Aleteia.

Aleteia. —Jésus était-il un révolutionnaire ? Un agitateur ?

Fr. Olivier-Thomas Venard. — Si un révolutionnaire est quelqu’un qui use de violence, non, ce ne fut pas le cas de Jésus, à la différence d’autres Judéens ou Galiléens de son époque ou des « zélotes » qui luttèrent contre l’occupation romaine, dans la génération qui le suivit. Cependant, le fait est que Jésus fut mis à mort comme un agitateur, avec sur son poteau d’exécution ce panneau d’accusation si énigmatique : « INRI — Jésus de Nazareth roi des Juifs. » Pour les Romains en charge du maintien de l’ordre en Judée, en même temps que d’une moquerie anti-juive, il s’agit clairement un motif politique. Et de fait, à sa manière, Jésus renverse l’ordre établi et peut être décrit comme révolutionnaire. Continuer la lecture de « Fr. Olivier-Thomas Venard :
« Le salut apporté par Jésus
n’est d’aucun parti » »

Fr. Olivier-Thomas Venard :
« À Jérusalem, réintroduire
du “religieux” est un jeu dangereux »

Le frère Olivier-Thomas Venard op, vit et travaille à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem depuis près de dix-sept ans. Directeur du programme de recherches La Bible en ses Traditions, auteur de deux ouvrages et de plusieurs articles sur la situation en Terre sainte, il répond à mes questions pour Aleteia sur l’impact de la position américaine concernant le statut de Jérusalem.

Aleteia. — Le président américain, Donald Trump, a annoncé, mercredi 6 décembre, que les États-Unis reconnaissaient désormais Jérusalem comme capitale d’Israël. Cette promesse de campagne a déchaîné des violences dans le monde arabe, et la désapprobation générale dans les chancelleries. Quel est le contexte historique de cette annonce ? Comment peut-elle s’expliquer ?

Fr. Olivier-Thomas Venard. — On peut essayer de le comprendre de trois façons, aucune n’est très satisfaisante. Du point de vue de Donald Trump lui-même — la décision a été prise semble-t-il contre l’avis de son secrétaire d’État et de son ministre de la Défense —  il s’agit de bouleverser la donne, pour faire surgir une nouvelle solution, un meilleur « deal », comme il dirait… Continuer la lecture de « Fr. Olivier-Thomas Venard :
« À Jérusalem, réintroduire
du “religieux” est un jeu dangereux » »

Comment naquirent les crèches
familiales ?

Paradoxe de l’histoire : c’est à la République qu’on doit l’expansion des crèches dans les foyers français.

LA TRADITION attribue à saint François d’Assise la première crèche de Noël. Mais l’histoire de la crèche s’inscrit d’abord dans l’histoire de la représentation de la Nativité. Continuer la lecture de « Comment naquirent les crèches
familiales ? »

La crèche du maire qui ne lâche rien

Au cœur de la Bourgogne, une petite crèche venue de Palestine fait de la résistance.

LE MAIRE de Paray-le-Monial expose dans le hall de sa mairie une crèche en nacre offerte par le maire d’une commune de Palestine, avec laquelle sa ville est jumelée : Bethléem. Dans un contexte de laïcité chatouilleuse, le jumelage culturel entre les deux petites villes devrait pouvoir gommer les susceptibilités idéologiques. Mais l’initiative a un précédent douloureux. Continuer la lecture de « La crèche du maire qui ne lâche rien »