Mère Myriam de Cognac, au centre de l’Étoile

En mémoire de Mère Myriam de la Trinité, prieure du carmel de Cognac.

UNE GRANDE FIGURE de l’Église de France s’en est allée. Derrière ses grilles, Mère Myriam de la Trinité, prieure du Carmel de Cognac, veillait sur des milliers de destins. , âmes d’élites ou cabossés de la vie, tous membres d’un invraisemblable réseau de libertés singulières voulues pour laisser leurs traces au service de l’Église, de la France ou plus simplement du quotidien, dans la pauvreté de leur condition. Mère Myriam était au centre de l’Étoile. Elle ne demandait rien mais savait tout, partageait la vie de tous jusque dans ses détails les plus humbles, avec une céleste humanité. Du fond de son cloître, grâce à ses multiples fils et filles spirituels, elle n’ignorait rien de la vie de l’Église et du monde.

Une fois rencontrés, ses yeux pétillants, son sourire infatigable ne vous lâchaient plus. Combien de prêtres, combien de familles étaient suivis, protégées par elle et par « ses filles » ? Moi aussi, mon travail, ma famille, mes enfants, je lui avais confiés. Dans la tempête, elle était toujours là, présente et subtile, mystérieuse voix du Ciel à portée du temps. C’était la joie et la paix de l’espérance qui ne cède jamais, tout simplement. La force d’une bonté à toute épreuve.

Dans l’un de ses derniers livres, Alix de Saint-André livre un témoignage public, que l’on peut donc reproduire, sur la présence de Mère Myriam, dont elle était proche, dans des circonstances délicates (Garde tes larmes pour plus tard, Gallimard, 2013). La journaliste raconte l’histoire de son amitié improbable avec Françoise Giroud. Tout opposait les deux femmes : éducation, culture, religion… Contre toute attente, elles s’étaient apprivoisées. Quand mourut Françoise Giroud, vint l’épreuve de son enterrement et du deuil de ses proches, notamment de sa fille Caroline. Alix devint une confidente, à la mission difficile. Elle confia ses peines et ses doutes à Mère Myriam :

« La seule personne, à ma connaissance, vraiment apte à comprendre mon inquiétude était mère Myriam de la Trinité, la prieure du Carmel de Cognac, et je lui envoyais le texte de Caroline [lu pendant l’enterrement] sur sa mère, dont je lui avais déjà parlé. Elle me téléphona de sa voix séraphique, et j’ai retrouvé sur une page ces mots jetés du ciel à l’époque : “Femme qui a dû vivre une grande solitude. Tellement extraordinaire isolement. Battante. Tous les noms. Prise à cœur. Méconnaissance l’une de l’autre. On continue accompagner Caroline. Pas grand chose derrière donc on est là. Elle a la lumière. On la précipite dans la miséricorde de Dieu. C’est le meilleur endroit. Messe pour elle. Nous sommes le centre de l’Étoile, toutes les branches arrive là.” »

Cette étrange étoile, explique Alix, c’est “l’étoile étincelante”, resplendens stella, du premier monastère de la grande Thérèse de Jésus, à Ávila. D’Ávila à Cognac, l’Étoile ne cesse de briller, même dans la nuit du doute et de la souffrance de ceux qui se croient abandonnés, livrés à eux-mêmes, et qui ne la voient pas, l’Étoile.

Au Ciel désormais, Mère Myriam demeure au « centre de l’Étoile », plus près de nous encore. Comme Alix et tous ceux qui l’ont aimée, ancrés dans la joie de sa foi, nous pouvons lui faire toute confiance, avec « sa joyeuse bande de filles, carmélites cloîtrées au sourire si doux », pour toujours « être là ».

 

2 réflexions sur « Mère Myriam de Cognac, au centre de l’Étoile »

    1. Pardon de vous répondre aussi tard. Les obsèques de Mère Myriam ont eu lieu dans l’intimité des soeurs, qui n’ont fait part officiellement de son retour à Dieu que la semaine dernière.

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