Les évêques au pilori

Comment la police de la vertu traque le fléau de la pédophilie dans l’Eglise : du flicage malhonnête sans considération pour la vérité. Et pour les victimes.

DEPUIS AVRIL 2016, l’équipe de « Cash investigation » (France 2) enquête avec les limiers de Mediapart sur le parcours des prêtres pédophiles dans l’Église catholique. Une enquête menée avec le professionnalisme des chasseurs de nazis, prêts à tous les moyens pour traquer les salauds qui échappent à la justice. L’émission, diffusée ce mardi 21 sur France 2, a été critiquée par la Conférence des évêques de France qui dénonce les moyens malhonnêtes utilisés pour établir un procès à charge, sans réel souci de la vérité.

Les enquêteurs n’ont en effet aucun scrupule, l’horreur des crimes leur donne tous les droits. L’angle d’attaque est sommaire, mais efficace : l’Église est une « multinationale » qui fonctionne comme une technostructure ne maîtrisant pas ses turpitudes, quand elle ne les masque pas pour préserver sa réputation.

La thèse : ce ne sont pas des hommes qui ont failli, c’est le « système » qui est vicié, et donc l’enseignement de l’Église qui est hypocrite et malsain. La preuve : les responsables sont complices. Cash investigation et Médiapart sont là pour vous le montrer, et dans ce but tous les coups sont permis (caméras cachées, menaces, fausses révélations), l’objectif n’étant pas de parler des initiatives engagées pour purifier la situation et lutter contre les fautes condamnées depuis toujours par les plus hautes autorités de l’Église, mais de décrédibiliser, sans véritable intérêt pour les victimes.

La fermeté de Benoît XVI

De son côté, Mediapart communique, avec son sens de la nuance inégalable : « 25 évêques, dont cinq sont toujours en poste, ont méthodiquement couvert pendant des années 32 auteurs d’abus sexuels, qui ont laissé derrière eux 339 victimes présumées. » Vous avez bien lu : « couvert ».

Il n’est évidemment pas question de disculper qui que ce soit. Nul n’ignore les cas lamentables de tant de prêtres pédophiles uniquement sermonnés sans considération pour les victimes passées et futures. Il aura fallu par exemple la fermeté incroyable du pape Benoît XVI à l’encontre de l’Église d’Irlande où sévissait un réel système de recyclage des pédophiles, pour faire cesser une dérive monstrueuse.

Il reste que les maladresses de communication autour de ces affaires n’ont rien fait pour arranger les choses. Si l’application des lobbies anticatholiques à s’acharner sur ces ignominies poursuit l’institution, il ne faut pas s’en étonner.

Un flicage de la vertu à deux vitesses

De là à laisser les lobbies anticatholiques se déchaîner impunément pour accuser l’Église d’entretenir le crime, c’est tout simplement impossible, cela dit en pensant aux victimes qui méritent mieux que des opérations médiatiques malhonnêtes pour se libérer de leur souffrance.

Aujourd’hui, l’Église de France a pris des initiatives à son tour courageuses, et elle a raison de ne pas céder aux manipulations et aux mensonges qui ne rendront service à personne.

L’objectif partagé devrait être la vérité, toute la vérité, mais rien que la vérité et la mobilisation de tous contre le mal. Sans rechercher à relativiser les responsabilités, on aimerait bien que la même obstination à débusquer les faiblesses coupables de l’Église de France s’appliquât aussi au ministère de l’Éducation nationale dont on attend également les « chiffres de la honte », qui sont autrement considérables. Le même flicage de la vertu pourrait s’intéresser aux autorités de tutelle des médias qui ont « couvert » la promotion de la pédophilie dans les années soixante-dix.

 

Publié par Boulevard Voltaire.

En savoir plus : le communiqué de la CEF

 

 

 

2 réflexions sur « Les évêques au pilori »

  1. Il est un peu léger de traiter de lobbies anticatholiques ceux qui font une enquête. S’il est incontestable que l’Eglise catholique commence à prendre conscience des ravages de la pédophilie, entre affirmer que cela va changer et un changement en profondeur, il y a une marge. Ce n’est que sous la pression, quand elle ne peut plus faire autrement, que l’Eglise concède d’admettre du bout des lèvres, ce qui s’est passé. Souvenez-vous de la démission à Rome de cette dame qui faisait partie de la commission qui réfléchissait aux problèmes de la pédophilie et des obstructions du cardinal Muller, entre autres, pour que cette commission puisse travailler correctement. Vouloir défendre l’Eglise catholique coûte que coûte est une position idéologique et n’est pas la solution et vous vous discréditez en qualifiant ceux qui font des recherches comme des chasseurs de nazies. C’était prévisible que ce problème allait tôt ou tard être mis au grand jour, et au risque de vous décevoir, je pense que cela n’est pas encore fini. A cause de l’hypocrisie de l’Eglise apparaîtra aussi tôt ou tard le problème de l’homosexualité de certains prêtres ou le fait que certains vivent avec une femme ou même avec un homme. L’important est que cela ne se sache pas. Mais avec les moyens modernes de communication, que l’Eglise ne peut plus contrôler, ni étouffer, on ne plus faire semblant pour sauver les apparences. Et ce qui est plus grave, ce genre de déni des réalités risque de décrédibiliser l’Eglise aux yeux de pas mal de nos contemporains. Il est tout de même remarquable que le secrétaire de la Conférence des Evêques de France, qui est un homme du système, puisse dire qu’il a honte, après ce qu’il a vu à la télévision.

    1. Vous avez le droit de reprocher à l’Eglise ses défauts, et elle n’a pas attendu Cash Investigation pour reconnaître ses défaillances, contrairement à ce que vous dites. Que ces défaillances servent de prétexte pour l’attaquer, c’est de bonne guerre, à condition que cela soit fait honnêtement. Depuis 2000 ans, l’Eglise tient le même message, et depuis 2000 ans, elle compte des brebis galeuses, ce n’est pas nouveau. Je veux bien parler d’idéologie : en ce cas, évoquons les ravages du relativisme moral et culturel qui a justifié tous les désordres, partout, et dont, que je sache, l’Eglise n’est pas complice.

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