L’Église brûle : le christianisme va-t-il mourir ?

Emmanuel Tranchant a lu le dernier essai d’Andrea Riccardi, L’Église brûle, crise et avenir du christianisme (Cerf, 2022). Si le catholicisme est en crise, si son influence politique et culturelle est en recul, notamment en Occident, l’Église a de la ressource et 2000 ans d’expérience. Les graines semées par Jean Paul II, Benoît XVI et François en faveur d’une Église plus charismatique et moins bureaucratique, plus sacramentelle et plus enracinée, plus communautaire et populaire, est armée pour répondre à la quête spirituelle d’une humanité arrivée à la fin d’un monde.

POUR LES HIHILISTES, « la seule Église qui illumine est celle qui brûle ». Mais de ce slogan, tout chrétien connaît la vérité profonde : celle de l’attestation pascale au feu de l’Esprit. « L’Église, dit Benoît XVI appliquant à l’Église la symbolique de la Lune, est lumière et obscurité à la fois… simple amas de Pierres, elle ne brille que par son Hélios, le Christ » et pour Andrea Riccardi, le brasier de Notre-Dame éclaire le moment épiphanique de crise que connaît l’Église catholique à l’échelle planétaire. La sidération qui, à ce spectacle, a saisi le monde entier indique la profondeur de l’évènement et Riccardi en propose une analyse fécondée par une vaste expérience qu’il faut rappeler en quelques mots.

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Les évêques au pilori

Comment la police de la vertu traque le fléau de la pédophilie dans l’Eglise : du flicage malhonnête sans considération pour la vérité. Et pour les victimes.

DEPUIS AVRIL 2016, l’équipe de « Cash investigation » (France 2) enquête avec les limiers de Mediapart sur le parcours des prêtres pédophiles dans l’Église catholique. Une enquête menée avec le professionnalisme des chasseurs de nazis, prêts à tous les moyens pour traquer les salauds qui échappent à la justice. L’émission, diffusée ce mardi 21 sur France 2, a été critiquée par la Conférence des évêques de France qui dénonce les moyens malhonnêtes utilisés pour établir un procès à charge, sans réel souci de la vérité. Continuer la lecture de « Les évêques au pilori »

La subjectivité de la foi dans la Lettre aux Hébreux : fâcheuses traductions liturgiques

Une commission a été constituée au sein de la Congrégation pour le culte divin en vue de lever les blocages sur les traductions liturgiques (cf. La Croix, 19/01/17). Depuis Jean Paul II, Rome souhaite revenir à une traduction plus littérale des textes latins, mais les épiscopats locaux font de la résistance. Est-ce grave docteur ? Dans certains cas, oui. L’actualité liturgique nous montre par exemple comment la définition de la foi lue dans la Lettre aux Hébreux est interprétée de manière protestante en Allemagne. En France, ce n’est guère mieux. Une difficulté pointée par Benoît XVI dans Spe salvi que je me risque à reprendre, avec l’humilité du néophyte.

LES TRADUCTIONS des textes liturgiques (le missel) et de la Parole de Dieu donnent toujours lieu à des débats sans fin qui peuvent paraître artificiels ou secondaires. Ce n’est pas si sûr. Ce samedi 28 janvier, l’Église fêtait saint Thomas d’Aquin, le docteur angélique, et proposait comme lecture du jour le chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux. Pertinente proposition, puisque saint Paul y parle de la foi, dans une formule lapidaire qui tient lieu de référence centrale pour parler de la première des vertus théologales. Par l’Apôtre, nous savons que la foi est « la substance des réalités que l’on espère ». Pourtant, ce n’est pas vraiment ainsi que la traduction liturgique en parle, au moins en français, mais pas seulement. Continuer la lecture de « La subjectivité de la foi dans la Lettre aux Hébreux : fâcheuses traductions liturgiques »