François Fillon, la paille, la poutre et le bien commun

L’honneur d’un homme d’État défaillant est jeté sur la place publique. Est-ce bien raisonnable ? La France s’en sortira-t-elle mieux ? Un homme public se juge sur ses actes publics.

FRANÇOIS FILLON n’est pas parfait, c’est le scoop du mois. En deux mots, l’ancien parlementaire aurait pu conserver ses indemnités pour lui, il les reverse à sa famille. Le procédé n’est pas glorieux, certes, mais cela suffit-il à juger l’homme ? Continuer la lecture de « François Fillon, la paille, la poutre et le bien commun »

La subjectivité de la foi dans la Lettre aux Hébreux : fâcheuses traductions liturgiques

Une commission a été constituée au sein de la Congrégation pour le culte divin en vue de lever les blocages sur les traductions liturgiques (cf. La Croix, 19/01/17). Depuis Jean Paul II, Rome souhaite revenir à une traduction plus littérale des textes latins, mais les épiscopats locaux font de la résistance. Est-ce grave docteur ? Dans certains cas, oui. L’actualité liturgique nous montre par exemple comment la définition de la foi lue dans la Lettre aux Hébreux est interprétée de manière protestante en Allemagne. En France, ce n’est guère mieux. Une difficulté pointée par Benoît XVI dans Spe salvi que je me risque à reprendre, avec l’humilité du néophyte.

LES TRADUCTIONS des textes liturgiques (le missel) et de la Parole de Dieu donnent toujours lieu à des débats sans fin qui peuvent paraître artificiels ou secondaires. Ce n’est pas si sûr. Ce samedi 28 janvier, l’Église fêtait saint Thomas d’Aquin, le docteur angélique, et proposait comme lecture du jour le chapitre 11 de la Lettre aux Hébreux. Pertinente proposition, puisque saint Paul y parle de la foi, dans une formule lapidaire qui tient lieu de référence centrale pour parler de la première des vertus théologales. Par l’Apôtre, nous savons que la foi est « la substance des réalités que l’on espère ». Pourtant, ce n’est pas vraiment ainsi que la traduction liturgique en parle, au moins en français, mais pas seulement. Continuer la lecture de « La subjectivité de la foi dans la Lettre aux Hébreux : fâcheuses traductions liturgiques »

Géopolitique : les États-Unis sur le chemin de la conversion au réalisme

A propos du rapport « Tendances mondiales 2035 » du Conseil national du renseignement américain : « Le paradoxe du progrès ».

LE NATIONAL INTELLIGENCE COUNCIL vient de publier son nouveau rapport de prospective pour 2035. Prenant le contrepied du précédent — dont les prévisions s’étaient révélées à l’opposé de ce qu’il advint — ce dernier s’est plié à un soupçon d’exigence et par conséquent de réalisme. Il est intitulé Paradox of Progress. Continuer la lecture de « Géopolitique : les États-Unis sur le chemin de la conversion au réalisme »

« Je suis chrétien »

« Je suis chrétien. » Il n’en faut pas plus pour déclencher une fatwa avec ce genre de propos iconoclaste chez un homme politique dans la France d’aujourd’hui. Évidemment, François Fillon, l’auteur du scandale, avait préparé son coup. Le calcul est de sa part audacieux, dans un contexte hyper laïciste. Mais en quoi est-il illégitime ?

TOUT CHRETIEN est fondé à revendiquer son droit de servir le bien commun en tant que chrétien. Mais les décisions qui peuvent être les siennes dans l’exercice de ses responsabilités, qu’il soit élu ou électeur, relèvent de son propre jugement et de sa raison. L’engagement politique du chrétien n’est pas un engagement confessionnel : il n’engage pas l’Église. Il se doit seulement d’être cohérent avec sa conscience, et en l’occurrence, puisqu’il est chrétien, avec les principes dont l’Église reconnaît qu’ils sont les fondements d’une société libre et digne de l’homme. Continuer la lecture de « « Je suis chrétien » »