« Et nous ne disons rien. » La grande leçon politique de Mère Teresa

Déjà béatifiée en 2003 par le pape Jean-Paul II, Mère Teresa sera canonisée par le pape François ce dimanche 4 septembre. Le témoignage de sa charité fut aussi un message de vérité.

LA PETITE SAINTE de Calcutta, fondatrice des Missionnaires de la charité, fut admirée par le monde entier pour son dévouement radical en faveur des plus pauvres. Son message d’amour et de paix n’avait pourtant rien de complaisant, et sa vérité fit grincer bien des dents, en particulier chez les faiseurs d’opinion ayant si souvent le mot « solidarité » à la bouche.

Le 10 décembre 1979, la religieuse recevait le prix Nobel de la paix. Son discours s’ouvrit sur la prière de saint François : « Seigneur, faites de moi un instrument de ta paix : là où il y a de la haine, que je puisse apporter l’amour… » Mais après la prière, l’humble petite sœur en sari blanc et bleu adressa aux grands de ce monde son analyse des causes de la guerre et de la violence : « Le plus grand destructeur de la paix aujourd’hui, dit-elle, est le crime commis contre l’innocent enfant à naître. »

Scandale. Ou plutôt, silence, silence assourdissant. Comment, pourtant, ne pas saisir le terrible raisonnement, dans sa logique implacable : « Si une mère peut tuer son propre enfant, dans son propre sein, qu’est-ce qui nous empêche, à vous et à moi, de nous entretuer les uns les autres ? » Mais non, « aujourd’hui on tue des millions d’enfants à naître. Et nous ne disons rien. On lit dans les journaux le nombre de ceux-ci ou de ceux-là qui sont tués, de tout ce qui est détruit, mais personne ne parle des millions de petits êtres qui ont été conçus avec la même vie que vous et moi, avec la vie de Dieu. Et nous ne disons rien ».

Mère Teresa ne se contentait pas de regretter un désordre moral, car la complaisance et la responsabilité était bien pour elle politique : « Nous l’admettons pour nous conformer aux vues des pays qui ont légalisé l’avortement. » Or « ces nations sont les plus pauvres » ne craignait-elle pas de dire, elle qui savait ce qu’est la véritable pauvreté. Une nation pauvre, c’est une nation qui a peur, et pas d’abord de la voracité de ses voisins ou du malheur des temps, mais d’elle-même et de ses propres ressources ! Pour ces nations, « parce qu’elles ne veulent pas nourrir un enfant de plus, élever un enfant de plus, l’enfant doit mourir ».

Le terrifiant diagnostic de Mère Teresa ne disait pas seulement aux nations égoïstes que leur malthusianisme était un mauvais calcul, mais que la violence intérieure ne pouvait que déchirer les corps et durcir les cœurs et finalement, dresser les hommes et les peuples les uns contre les autres.

Là est la grande leçon politique de Mère Teresa. Pour construire un peuple, la plus haute mission de l’homme politique n’est pas de gérer des budgets, de lever des impôts, de dresser des murs, d’arbitrer des conflits. Sa mission est avant tout morale, culturelle, spirituelle. Elle consiste à libérer le meilleur de l’âme humaine en encourageant l’accueil et la protection les plus faibles. Un peuple généreux n’a peur de rien. Si tu veux la paix, répands d’abord le bien dans les cœurs. Le reste te sera donné par surcroît.

 

Publié par Boulevard Voltaire

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