UN SONDAGE Ifop pour SOS-Education s’est intéressé au positionnement des enseignants vis-à-vis des principales propositions des candidats. L’étude, qui porte sur les intentions de vote, montre que le corps enseignant français demeure un monobloc de gauche dominant, malgré ses divisions internes.
1/ L’élection présidentielle de 2017 signe la fin de l’hégémonie du PS sur le vote enseignant.
Traditionnel bastion socialiste, le milieu enseignant fait largement défection à l’ancien ministre de l’Education Benoît Hamon : le candidat du PS recueillant à peine 15% des voix des enseignants cette année, soit trois fois moins qu’en 2012 (46%). Le Parti socialiste obtient ainsi son plus mauvais score au sein de la profession en l’espace de 15 ans alors même qu’il ne souffrait pas pour une fois de la concurrence d’un candidat écologiste.
Il faut dire que les enseignants s’avèrent opposés aux principales mesures prises par les ministres successifs des gouvernements de François Hollande. Ainsi, 83% des enseignants se déclarent favorables à l’abrogation de la réforme du collège, au rétablissement des filières bilingues et des options de langues anciennes et 77% à la suppression ou à l’assouplissement de la réforme des rythmes scolaires (dont 87% des enseignants en école primaire).
2/ Les enseignants se tournent désormais vers des formations politiques de gauche alternative.
Avec 38% des suffrages des enseignants, la gauche libérale d’Emmanuel Macron confirme quant à lui sa percée dans le monde éducatif, dépassant largement le score que François Bayrou avait pu y obtenir aux scrutins précédents chez les enseignants du primaire et du secondaire (19% en 2012, 27% en 2007, 7% en 2002).
Plus à gauche, la candidature « insoumise » de Jean-Luc Mélenchon a attiré près d’un enseignant sur quatre (24%) contre 19,6% chez l’ensemble des Français. À titre de comparaison, le candidat soutenu par le Parti de Gauche et le Parti communiste n’avait obtenu que 10% des voix des enseignants du primaire et du secondaire en 2012.
3/ Les enseignants délaissent toujours largement la droite.
Le potentiel électoral des candidats de droite reste quant à lui marginal dans le milieu enseignant. À peine 15,5% de l’ensemble des enseignants ont voté pour un candidat de droite dont 11% pour François Fillon, 4% pour Nicolas Dupont-Aignan, 0,5% pour François Asselineau. Au total, leur score chez les enseignants du primaire et du secondaire (16%) est plus faible que celui obtenu par les candidats de la droite libérale ou souverainiste en 2012 (18% / 5%), en 2007 (20%) ou en 2002 (18%).
Marine Le Pen ne perce toujours pas chez les enseignants. À peine 5% des professeurs ont voté pour la candidate du FN, soit quatre fois moins que son score chez l’ensemble des électeurs métropolitains (21,5%). Son score reste en effet marginal, sauf dans les rangs des PLP (11%) et des enseignants du supérieur (12%).
Le plus inquiétant demeure. Avec un corps enseignant qui vote à 85% à gauche, comment les Français peuvent-ils se retrouver dans l’école de la République ? La droite peut s’interroger aussi sur ses incapacités pédagogiques à convaincre des enseignants qui rejettent les réformes de gauche, mais qui persistent à penser à gauche. La gauche est-elle uen religion ?
Étude réalisée auprès d’un échantillon de 1 001 enseignants représentatif de la population des enseignants, 16-19 avril 2017.
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