AU LENDEMAIN du vote de la loi du 17 mai 2013 « ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe », dite loi Taubira, le débat s’est porté sur les perspectives d’abrogation du texte. L’affaire est devenue pour beaucoup une question de principe, plus morale que politique. Pour les anti-abrogationnistes, qu’on laissera discuter entre eux, le problème est relativement clair : le « mariage gay » est légitime, le désaccord porte sur le lien ou non avec la filiation. Du côté des abrogationnistes, le débat est stratégique. Qu’on le veuille ou non, la question est bien politique. Une chose est d’être contre cette falsification du mariage, autre chose est d’obtenir son abrogation.
Sur le fond, nulle alternative acceptable à cette funeste loi ne saurait amputer la réalité du mariage, défini comme l’union publique stable d’un homme et d’une femme ouverts à l’accueil de la vie. La loi votée, le problème est donc moins de supprimer ou de réécrire le texte, que de s’en libérer pour rétablir le droit du véritable mariage dans un contexte qui ne saurait évoluer uniquement par un changement de majorité parlementaire.
La politique étant l’art de rendre possible ce qui est nécessaire, comment procéder ?
Les effets de la colonisation idéologique
Tout d’abord en analysant lucidement la situation. Aucune formule magique ne réglera le sort de cette loi. Surtout, aucune abrogation n’entraînera ipso facto un renouveau du véritable mariage dans la France d’aujourd’hui. Le mariage demeure en lui-même une réalité non-négociable, mais les effets de la colonisation idéologique contre le mariage font partie du décor : il faut bien en tenir compte.
Avec la loi Taubira, nous sommes devant un symbole transgressif extrême qui doit être combattu comme tel. La puissance de ce symbole en a fait une forteresse intouchable dans le monde politique, car il constitue la pointe sacrée d’un ordre moral libertaire qui tétanise les esprits. C’est pour cette raison qu’il doit être dénoncé sans relâche (« On ne lâche rien ! »), en étant persuadé que ce texte inacceptable ne sautera pas complètement sans un retournement culturel durable et profond.
Car on ne renverse pas un tabou avec des postures, drapé dans son intransigeance de principe, tabou contre tabou. Si nous ne sommes pas convaincus par cette dimension culturelle et morale du problème, quasi religieuse, nous n’arriverons à rien.
Le bon angle de tir
La réalité politique aujourd’hui est ce qu’elle est : aucune majorité parlementaire prévisible n’est acquise en faveur de l’abrogation, mais une large majorité de Français est favorable à la révision de la loi (cf. sondages IFOP-Valeurs actuelles, sept 2015 ; Opinion Way-LMPT, juin 2016). C’est un angle de tir qu’il faut exploiter au maximum. D’autant plus que c’est la liberté même de sa conscience pour défendre le mariage et la vie, comme à l’école et dans les médias, qui est directement menacée.
La Manif pour tous du 16 octobre prend ici tout son sens : tenir le cap, maintenir la pression contre la loi Taubira dans la perspective globale de la lutte contre la déconstruction de la politique familiale et des libertés fondamentales, attaquer les points faibles de l’adversaire (PMA, GPA, droit de la famille, liberté d’éducation, de conscience et d’expression).
Pour leur part, les responsables politiques convaincus par la nocivité insoutenable de la loi Taubira devront s’unir autour de trois règles d’action :
1/ Persévérer dans la condamnation de la loi de la manière la plus nette, sans rien céder sur la définition du mariage et sa protection indispensable dans le droit.
2/ Accepter de progresser, étape par étape, vers l’objectif ultime de l’abrogation, en travaillant à protéger les libertés, le mariage, la famille et l’enfant.
3/ Soutenir les initiatives qui, par de multiples voies, sans exclusive, pourront concourir à rendre peu à peu l’abrogation possible, comme les ruisseaux convergent tous en grossissant vers le fleuve.
Publié par Aleteia.
Tout savoir sur La Manif du 16 octobre :
http://www.lamanifpourtous.fr/