L’IMMENSE EMOTION qui s’est emparée de la France après la tragédie de St-Etienne-du-Rouvray montre que la France demeure un pays chrétien. Un prêtre égorgé pendant la messe, à genoux devant son autel, dans une petite église de province ordinaire, ce n’est pas un fait divers atroce, c’est la France qui est frappée dans son ADN.
La peine de la France n’est pas feinte, elle est digne et belle. Elle sait le sens de la vie de ce prêtre âgé qui a tout donné, qui sert son Église et son peuple sans repos, sans cesser de prêcher la paix, l’amour, le pardon et la vérité.
Bien sûr, peu de Français seraient désormais capables de partager son credo, mais le témoignage de son martyre, même non désiré, a touché l’intime d’une nation baptisée il y a 1500 ans, et qui sait dans son inconscient ce que signifie le prêtre, bien loin des caricatures et des procès indignes dont on s’est repu il n’y a pas si longtemps encore. Quand un prêtre trahit, c’est l’humanité qui est blessée. Quand un prêtre meurt immolé sur l’autel, c’est la pauvreté, c’est la fidélité, c’est la pureté qui sont profanées.
Prêtres de France
Pour les Français, dans leur mémoire collective, le père Jacques c’est Jean-Marie Vianney, le prêtre radical à qui il ressemble étonnement, ou Charles de Foucauld, le « frère universel », lui aussi abattu comme un agneau sans défense en terre d’islam.
C’est le meilleur d’un peuple et de son histoire qui est assassiné à travers cette vie humble et dévouée, ni brillante, ni efficace selon les canons du monde, mais qui dit par son engagement total cette part de l’homme intouchable, sacrée, qui lui survivra ainsi qu’à nous tous, et que nos pères ont honorée tout au long des siècles.
Cela, nul ne pourra nous le retirer. Les tueurs n’ont pas profané la République, M. le Président, ils ont profané le sanctuaire des lois immuables et non-écrites de la vie et de l’humanité, le sanctuaire dont la République ferait bien de se souvenir, non comme le lieu respectable d’une « communauté », l’espace d’une « religion » ou d’une « tradition spirituelle », mais comme le sanctuaire de la vérité qui ne se manipule pas au gré des sondages ou des élections, le sanctuaire de la conscience, le sanctuaire de la dignité de la personne, le sanctuaire de l’humanité indisponible qui ne se bricole pas au gré des puissants.
La vérité d’un peuple
Ils ont profané aussi la vérité d’un peuple qui précède la République, et qui, faute d’être aimée et transmise dignement, est devenue objet de mépris, y compris par ceux qui croient servir la France dans la haine de soi plutôt que dans la fierté de ses racines et de sa culture.
Qui étaient les tueurs ? Des petites frappes détraquées, manipulées par leur propre fanatisme, rejetons de nos lâchetés et de notre aveuglement, avant d’être des agents commandités par une puissance extérieure.
La guerre à l’extérieur, il faut la faire, et d’abord en cessant de vendre des armes aux pays qui soutiennent le terrorisme, en cessant d’acheter du pétrole à Daech, en traquant impitoyablement les passeurs qui exploitent les miséreux, en frappant les véritables adversaires. Mais c’est en redevant nous-mêmes, c’est-à-dire des héritiers, que nous saurons trouver les véritables réponses à cette guerre subversive, sans haine mais en vérité. L’ennemi est d’abord un ennemi intérieur.
Publié par Aleteia.
Merci Philippe,
Tu exprimes si bien ce que nous percevons tous depuis 4 jours. Le père Jacques habite maintenant le coeur des millions de jeunes réunis en Pologne autour de notre pape mais aussi dans les lieux qui virent St Jean Paul II naître et grandir dans la foi. C’est maintenant au Seigneur d’ouvrir la route… Et à nous de le suivre.