Je n’ai pas encore lu l’exhortation apostolique, contrairement à certains commentateurs qui ont déjà rédigé leur papier, à paraître à 12h, embargo oblige. Il m’est donc facile de dire comment on va en parler, c’est réglé comme du papier à musique. On voit d’ailleurs déjà filtrer les humeurs des uns et des autres, à l’aune de leur confiance dans l’Eglise… ou de leur auto-certitude d’avoir raison, quoi qu’il arrive.
Bref, on recevra Amoris laetitia dans une herméneutique de la continuité, ou dans une herméneutique de la rupture.
Dans le premier cas, vous lirez l’exhortation à la lumière de la doctrine de l’Eglise, de ses fondamentaux, de l’enseignement des derniers papes, en particulier de saint Jean Paul II. Vous y trouverez un approfondissement du magistère sur la famille, le mariage, l’eucharistie, le sacrement de réconciliation ; des orientations pastorales ; des pistes de formation pour les fiancés et la préparation au mariage ; des voies d’aménagement du droit (canon) pour les reconnaissances de nullité de mariage.
Dans le second cas, vous traquerez les points aveugles du document pour y trouver l’opportunité d’interpréter la doctrine et la pastorale à votre guise. Vous y trouverez des changements révolutionnaires, pour le meilleur si vous êtes kaspérien progressiste, pour le pire, si vous êtes traditionaliste à mentalité protestante. Si vous êtes journaliste, prêt à tout pour balancer du sensationnel et du croustillant, vous dénicherez des divisions et des oppositions : si vous êtes pour le texte, les opposants seront une « infime minorité », si vous êtes contre, ils seront la « majorité silencieuse ».
Bon, finalement, nihil novi sub sole. Et bonne lecture d’Amoris laetitia, dans la joie !