COMME MEMBRE de l’Association des amis de Jérôme Lejeune, et comme consultant associé aux travaux de la Fondation, je rencontrais parfois « Madame Lejeune ». À la vérité, elle s’y rendait chaque jour ou presque. La mission qu’elle se donnait : remercier personnellement tous les donateurs à l’oeuvre de la Fondation au service des chers petits trisomiques de son mari. « La grande famille. »
Elle avait une mémoire incroyable, une énergie sans faille et une attention sans pareille. Je ne faisais pas partie de ses proches, mais elle m’embrassait comme du bon pain avec toujours un mot gentil : « Bonjour Philippe, comment vont les enfants ? » On la voyait sans cesse manifester sa tendresse aux patients et à leurs familles qui passaient, ou aux amis de passage rue des Volontaires. Sans traîner, mais sans oublier personne.
Sa seule inquiétude
Quelques semaines avant Noël, alors que je me retrouvais seul avec elle dans le bureau du directeur de la Fondation, elle me prit le bras pour m’annoncer la nouvelle : « Les médecins ne me donnent que quelques mois. » Franche, directe, simple, elle parlait de sa mort comme un rendez-vous ordinaire. La mort, c’est la vie, la vie, c’est la mort : sa seule inquiétude était de devoir ralentir ses activités.
Il y a bien longtemps, quand je me trouvais avec quelques amis pour évoquer une conférence à venir de son mari, c’est elle qui parlait : Jérôme était là, un peu en retrait, la tête légèrement de côté, les mains dans le dos, le regard doux, complice. L’invitation à la conférence s’était perdue, mais le Professeur confirma sa venue avec un sourire déterminé. Pour Birthe, embarquée dans la même aventure depuis le 1er mai 1952, date de leur mariage, la disponibilité de son mari était toujours comme une évidence.
Elle a achevé sa course et repose enfin, près de Jérôme, elle qui ne se reposait jamais. Nous avons désormais une ambassadrice au Ciel. Birthe, merci pour votre vie.