CHRISTINE BOUTIN quitte la vie politique. Je veux lui témoigner ma reconnaissance. Elle fut longtemps seule à porter dans le monde politique la voix des sans-voix, menacés dans le sein de leur mère au nom de la loi. Sa voix relevait vraiment de l’indignation prophétique face à la montée de la culture de mort. Seule contre tous.
J’étais dans son bureau quand est née l’Alliance pour les droits de la vie. Nous voulions unir nos forces : les médecins, les citoyens de tous bord et les élus. À l’époque, au palais du Luxembourg, un autre portait ce combat, à sa manière, discrète et rigoureuse : le sénateur Bernard Seillier. Seul, lui aussi.
Depuis, la bataille pour la vie s’est diversifiée, d’autres parlementaires se sont engagés, d’autres acteurs se sont levés. Les menaces se sont élargies aussi : la libéralisation de l’avortement a ouvert toutes les brèches. Il reste que grâce au témoignage d’une parlementaire aussi libre que Christine Boutin, l’engagement politique au service de la vie humaine s’est professionnalisé et s’est aguerri. Sa résolution dans l’adversité, car Dieu sait si elle eut des ennemis, a fait école.
Les choix politiques de Christine Boutin ont pu être contestés par ses propres amis. Son franc-parler était-il toujours ajusté ? Pourquoi créer un parti, pourquoi telle candidature ? Elle s’est battue avec ses qualités et ses défauts et sa légitime responsabilité à prendre les décisions qui lui paraissaient les plus opportunes. Dans une perspective chrétienne, notre unité est organique et notre espérance au-delà de la politique : il est juste que les moyens qu’elle a choisis pour défendre sa cause n’aient pas été partagés par tous.
Il reste sa liberté et son courage qui pour tous, demeurent un exemple fondateur. Merci Christine.