LE PAPE est très critiqué. Ses positions paraissent parfois utopiques, iréniques sur tout ce qui aborde le politique. Son dernier message du 15 août pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié est sur un plan spirituel et personnel juste mais sur un plan collectif dépourvu de sagesse politique. Il est vrai qu’il aborde le sujet de façon très horizontale et passe sous silence la menace considérable que représente l’islam pour notre continent — même s’il s’adresse au monde entier. Or cette question ne peut être évacuée pour nos nations européennes.
Aujourd’hui, il est impossible de séparer ce fait politico-religieux du drame des déportations massives de populations, de l’explosion démographique absolument considérable de certains pays d’Afrique, d’une mafiositation presque générale des gouvernements africains achetés par les grands États que sont la Chine, les États-Unis et l’Europe (la collusion Lafarge suisse avec Daech illustre tragiquement les responsabilités des grands groupes dans l’état du monde). Cette indigence des gouvernements locaux rend impossible la construction d’économies responsables, mais cela convient parfaitement aux grands groupes transnationaux.
Devant une telle situation, le pape ne raisonne pas en politique même si son programme sur ce sujet l’est. Il est pris à la gorge par l’émotion intense de voir des peuples entiers, des foules hagardes, victimes de ce désordre mondial. Apôtre des bidonvilles, il sait par expérience ce qu’est l’infra-humanité, le désespoir profond de ces foules acculées. Sa sensibilité « quart monde » constate avec colère un égoïsme tenace d’un Occident fondé sur un matérialisme épais, une irréligiosité agressive qui veut préserver la souveraineté d’une culture de maison de retraite confortable et luxueuse. Je ne suis pas convaincu que la majorité des Français qui s’oppose à l’immigration le soit pour préserver la fille aînée de l’Église et la grandeur de la civilisation catholique ! Même si une France minoritaire défend courageusement sa foi, je n’oublierai jamais que 90 % des catholiques ayant un salaire supérieur à 10.000 € par mois ont voté massivement pour le candidat de la PMA et de la GPA ! Les descendants de Godefroy de Bouillon et de Joinville se retrouvent plus à la banque ou dans les groupes du CAC 40 que sur les champs de bataille ou à l’Église ! Si l’exhortation du pape est juste par rapport à la charité personnelle, fausse pour le responsable d’un État, je pense qu’elle doit purifier notre jugement.
Revenons plus généralement sur le nombre de reproches qui lui sont faits, dénoncés en boucle, citons pêle-mêle : une position irénique sur l’islam lorsqu’il soulève le peu de légitimité de l’État français à combattre le port du voile au nom d’une indépassable laïcité de combat, la façon vague dont il évoque « les » différentes racines de l’Europe même si elles sont pour lui sans équivoque (« Oui, les racines de l’Europe sont chrétiennes »), l’erreur de communication dont on se souvient consistant à faire monter seulement des musulmans réfugiés dans son avion de retour de l’île de Lesbos en avril 2016, ce qui, aux yeux du martyre des chrétiens, fait désordre… alors même qu’un strapontin ou deux réservés à ces derniers aurait en terme d’image consolé une communauté abandonnée…
Face à cela, il y a un incontestable questionnement sur la capacité du Saint-Siège à maîtriser un message qui, dans le contexte électrique du monde, ne peut se permettre ce qui s’apparente à de l’amateurisme. C’est pourtant l’impression qui domine chez beaucoup.
Un pape à dominante sociale
Je ne chercherai pas à défendre pour défendre le pape, comme le font parfois pathétiquement des journaux chrétiens et des catholiques qui, parfois, oublient aussi la dimension humaine et sans doute imparfaite de Pierre. Comme tout homme et comme tout pécheur, il est faillible dans ses appréciations lorsqu’il n’engage pas son magistère. Son message du 15 août — il me semble dans un contexte européen — est sur un plan public imprudent. Nous avons un pape à dominante « sociale » parce que l’époque est tragique et le réclame. Comme acteur de l’humanitaire, je comprends sa pensée. Celle-ci a pris conscience de l’extrême tragédie vécue de façon de plus en plus croissante par des pans entiers de l’humanité. Nous sommes devant une volonté de détruire l’homme en commençant par le dénaturer. François en a une conscience extrême.
Pour comprendre la dimension prophétique de ce pape dont les deux prédécesseurs furent d’une immense fécondité, il faut le situer dans sa vocation propre. Celle-ci n’est pas celle du « tombeur » de la plus grande menace que le monde ait vécu après le national-socialisme : le communisme, ni celle de la pensée exceptionnellement rigoureuse et lumineuse du docteur Ratzinger dans un monde où la confusion domine les intelligences, elle est celle d’un pasteur dont la seule obsession est de témoigner d’un Dieu miséricordieux, cherchant désespérément dans ce monde suicidaire à ramener les hommes les plus éloignés de l’Église à connaître le Christ, seul salut de l’humanité. Certains résument assez pertinemment les trois derniers pontificats par les trois vertus théologales : la foi (Benoît XVI), l’espérance (Jean Paul II) et la charité (François).
Pour le pape actuel, les problèmes de liturgie ne l’obsèdent pas, certes ! même s’il est le premier pape a donné autant de signes forts en faveur des communautés intégristes pour les réintroduire dans l’unité de l’Eglise. Il paraît peu habité par les formes liturgiques — quoique ! — mais il est obsédé par la charité. Il sait ce qu’est une mère qui se prostitue dans un barios pour nourrir un enfant dénutri. Il sait l’horreur de la fuite des enfants poursuivis par les escadrons de la mort. Non seulement il veut répondre concrètement, immédiatement, à ces horreurs mais il fait un lien direct entre la déshumanisation de pays entiers avec ce qui en a provoqué les effets massifs : la financiarisation sans frontière du monde et dont beaucoup d’entre nous ont participé sans trop d’états d’âme !
Il sait l’horreur que les acteurs des associations « humanitaires » connaissent. Son apostolat a été essentiellement engagé dans ces lieux d’infra-humanité. Il sait combien les puissances d’argent asservissent tout, ruinent des États, achètent les politiques, dynamitent les peuples les plus enracinés et ont le pouvoir d’installer à la tête du monde les plus pervers, les plus corrompus et les plus incapables pour les seuls besoins de leurs trafics. Il sait que la mondialisation, la disparition des États, des communautés naturelles qui structurent l’humanité et l’organisation sociale n’a qu’une fin, celle de réduire l’homme en comptabilité matière.
Il sait comment la gouvernance mondiale en est arrivée à vulgariser, à imposer, à légiférer, à obliger les familles à éclater, les femmes à avorter, les couples à se dissoudre, à empêcher les enfants d’avoir un père et une mère pour satisfaire l’égoïsme saphiste et le développement de juteux trafics humains. Il sait que l’Afrique, le Moyen Orient et certaines parties de l’Asie vivent dans un chaos indescriptible et que ces continents forcent les populations à immigrer. Il sait que ce monde organisé essentiellement par et pour les puissances de l’argent créent des structures de péché. Dans ces situations extrêmes l’homme ou la femme sont obligés de pécher pour seulement survivre. Le pécheur est conditionné au péché et pour le péché. Cela, François le sait de toute son âme. Raison de son extraordinaire miséricorde qui exaspère le bourgeois à l’aise dans ses certitudes et son confort intellectuel, physique, financier, social et même spirituel.
Il est vrai que ce pape étonnant est en rupture avec le catholique bourgeois, bourgeois avant d’être apôtre.
Un combat eschatologique
Il y a quelque chose de dramatiquement christique dans l’appel du pape François à un monde plus juste, à défendre les petits, à se pencher sur les souffrances indicibles des plus démunis. Il assigne les grands au tribunal de Dieu. Il fustige l’esprit petit-bourgeois (« mondain ») dans l’Église en montrant combien sont décalées les priorités de certains dans leurs chaudes tours d’ivoire. Discuter à l’infini des virgules d’un texte, des personnes fréquentables ou non alors que le monde brûle et crie de douleur…
L’incendie dévore des pans entiers de l’humanité. On ne peut plus vivre comme avant. Les forces du mal sont déchaînées.
Il y a surtout dans ce monde violemment aux mains du prince de ce monde une ignorance très profonde de ce qu’est même le péché, l’offense consciente ou non faite à Dieu, la perte totale d’une délicatesse intime due à la perfection de notre créateur et à la perfection à laquelle nous sommes instamment appelés. La structure de péché est devenue notre condition naturelle. L’air peccamineux est celui que nous respirons quotidiennement sans nous en rendre vraiment compte. Nous n’avons plus l’intelligence même de la sainteté et des comportements que cela induit.
Dans les familles les plus chrétiennes, combien acceptent-elles par lassitude, par incapacité d’être comprises ou par relativisation de la faute de voir leurs enfants vivre en situation d’adultère, utilise les moyens explicitement condamnés par l’Église, encourage ceux-ci à choisir des carrières fondées sur l’argent plutôt que sur le don de la vie ? Quant aux milieux défavorisés qui composent l’immense majorité de notre population, les mœurs sont celles d’un paganisme profond, lourd et totalement intégré. L’incapacité non seulement psychologique mais physique à comprendre les raisons des causes dont ils déplorent les effets rend toute discussion impossible.
L’annonce de l’Évangile ne peut plus être comprise par l’adhésion d’une intelligence qui veut savoir, mais par la voie du cœur devant lequel le témoignage perce la conscience. Ensuite le lent travail d’une reconstruction de l’intelligence de la foi se fera par la blessure du cœur. Aujourd’hui François comprend que le cœur peut toucher l’intelligence et non plus l’inverse.
Cela explique tout le sens de ces récentes encycliques et lettres apostoliques et notamment le si contesté chapitre VIII d’Amoris lætitia.
Pour comprendre ce pape il faut comprendre l’âme missionnaire et le sens réaliste de l’apôtre qui prend l’humanité là où elle est avec ses tares, ses limites d’intelligence, ses cultures très prégnantes sur le comportement et faire avec…
Ce qui fait débat : Amoris lætitia, chapitre huit !
Jamais François n’a dit qu’il accepterait ces structures de péché. Il les condamne avec vigueur. Je m’en tiens à l’analyse du très controversé chapitre huit d’Amoris lætitia. Il ne reconnaît pas aux situations objectivement peccamineuses un droit. Il anticipe sur ceux qui voudraient utiliser son attitude miséricordieuse pour tout justifier. Il condamne ceux qui se référeraient à une miséricorde déviée de sa finalité. Celle-ci, rappelle-t-il fermement, est ici pour ramener celui qui n’y est pas dans la splendeur du sacrement du mariage. Il dénonce ceux qui voudraient profiter de la miséricorde pour dévier les exigences du dogme. Le salut passe par le retour au magistère qui, pour lui, reste et restera intangible. Tout cela est écrit noir sur blanc dans ce chapitre qui a fait couler beaucoup d’encre.
Prétendre que le Pape bénit le concubinage ou le divorce est ni plus ni moins une calomnie. C’est un pasteur qui veut ramener tout le monde vers la bergerie. Ces accusations sont du même ordre que celles qui pleuvaient contre le Christ lorsqu’il déjeunait chez Zachée ou parlait avec la Samaritaine. C’est un pasteur réaliste qui sait que pour ramener les fidèles à la cohérence de la foi, il faut aller dans les ravins de l’humanité ou les déserts de l’inculture et non pas rester sur son Apennin, dans la sécurité spirituelle, morale, linguistique, sociologique d’une communauté qui se barricade. Il combat sans états d’âme le syndrome cathare de Montségur. Il faut lire le Pape sous l’angle de son charisme propre : celui du bon pasteur qui court non après la seule brebis perdue mais après les quatre-vingt-dix-neuf perdues car telle est la situation de notre monde contemporain.
J’ai lu et relu. Tout ce chapitre « sensible » est à recevoir sous l’angle de la miséricorde. Sinon une lecture limitée à la lettre évacue la dimension caritative même si la lettre suffit à la compréhension.
Le pape n’est pas un chef d’État, c’est un pasteur
Quoiqu’on en dise et même si les accords du Latran lui donnent ce statut, le pape n’est pas un homme d’État pour le seul bien du peuple qui lui est confié. C’est le successeur de Pierre, l’apôtre en sandales, radicalement pauvre, dormant au gré de la générosité des habitants qu’il visitait, en chef héroïque, mort martyr pour le salut des âmes.
Que des dirigeants politiques comme l’inénarrable Mme Merkel réduisent leurs discours à une attitude compassionnelle pour le concurrencer est absurde. Pour un chef d’État, c’est criminel. D’autant qu’on devine derrière ces bons sentiments les intérêts du patronat allemand qui veut s’offrir des sous-smicards à vil prix. Il est vrai que l’Allemagne croit dans son subconscient n’avoir toujours pas encore soldé sa dette morale au monde. Intérêt sordide et bonne conscience font un ménage un peu balourd !
Un chef d’État a le devoir de protéger le peuple qui l’a élu
On attend d’un chef d’État non pas la compassion irresponsable, mais les décisions énergiques requises pour protéger la paix et la croissance de son peuple. On attend d’un chef de gouvernement qu’il protège l’État qui lui est confié par le suffrage de la nation pour protéger la paix de son pays. Assurer les conditions de la paix est sa première mission régalienne. C’est ce que font avec courage et vigilance les présidents de la Hongrie et de la Pologne.
Les chefs d’État n’ont pas été élus par leurs peuples pour organiser la charité à l’échelle du monde mais pour défendre et protéger ceux dont ils sont les mandataires. Il suffit pour s’en convaincre de constater comment les institutions internationales de l’ONU gèrent de façon irresponsable l’aide internationale. Ils ne rendent compte à personne sinon à l’idéologie libertaire et permissive qui profite aux trafics financiers mondialisés.
Mais qu’on n’attende pas d’un pape de poser des actes politiques ! Parce que lorsqu’il les pose, il peut être incompréhensible en raison de situations explosives. Une lecture globale est dangereuse. C’est là où est attendu le réalisme des chefs d’État appelés à discerner entre la paix à assurer dans leur pays et leur responsabilité économique et politique vis-à-vis des pays d’émigration.
Le pape n’a pas de mission politique mais pastorale
Oui, des papes se sont égarés dans leurs appréciations politiques. Dieu l’a permis, comme il a permis que l’Église tâtonne dans son gouvernement, et l’histoire encore récente nous montre combien certains se sont trompés. On se souvient de la naïveté confondante d’un Léon XIII croyant séduire une république anti-religieuse jusqu’à l’étouffement en prônant le ralliement des catholiques à celle-ci. Le livre de Roberto de Mattei sur le Ralliement (Cerf) laisse pantois sur les raisons qui ont amené ce pontife à cette alliance contre nature qui a brisé l’unité des catholiques de France.
Et pourtant Léon XIII, aveugle en politique, fut le pape de Rerum Novarum, encyclique immense par sa portée théologique et sociale dont l’actualité reste aujourd’hui plus criante que jamais.
François a rendu à l’Église la puissance de sa parole et, fait nouveau, le pouvoir de parler aux populations païennes avec autorité. Ce qui n’était plus possible à la fin du règne du grand intellectuel qu’était Ratzinger. François rappelle sans cesse la vénération due à Marie, ce qui est un signe fort de son ancrage spirituel dans nos temps apocalyptiques ; c’est lui qui rappelle sans cesse le respect de la vie alors que les combats contre celle-ci sont au cœur même de la violence du monde avec une intensité jamais connue. Il réagit avec passion et obstination contre le désespoir des populations païennes auprès desquelles il représente une espérance immense.
La mort dans un athéisme paisible ou le martyre ?
Le pape jésuite préfère comme Charles de Foucauld un musulman qui prie à un athée qui méprise la vie et impose l’absurdité d’un monde sans Dieu. Beaucoup de catholiques — même « conservateurs » — préfèrent la sécurité d’un athéisme bourgeois et prospère d’un État laïque au combat spirituel auquel nous obligerait le mahométan. Nous prions chaque jour pour être épargnés par la violence qui se profile. Le grand affrontement qui s’annonce, amorcé par les attentats meurtriers qui se multiplient, sera sans doute redoutable. Il réveillera peut-être notre vieille nation chrétienne. Demandons avec insistance les grâces nécessaires pour rester fidèles.
Nous nous sommes fait une raison d’un monde habité par la mort. Les soins palliatifs que nous offrent cette société sans famille, sans genre, enracinée dans un avortement génocidaire de milliers d’innocents, endorment et criminalisent nos propres consciences. Les enfants survivants sont interdits de père ou de mère, les femmes instrumentalisées avèrent une société d’une très rare violence, violence induite dans nos comportements intimes, violences acceptées comme étant une composante de notre culture.
J’ai entendu un de mes amis — sans doute le seul homme politique français catholique d’envergure — me tenir des propos contre « Bergoglio que n’aurait pas renié Calvin ». Je lui ai répondu qu’au xvie siècle, c’est lui qui aurait rejoint les Genevois sans sourciller. Il m’a accusé d’ultramontanisme, ce qui me semble cohérent pour avoir été élève des jésuites ! Mais sa violence contre Pierre donne à mon avis une limite à sa compréhension des enjeux eschatologiques qui se présentent aujourd’hui. Pourtant béni de tant de grâces politiques, je pensais à son égard à un rendez-vous manqué de l’Histoire.
Il suffirait qu’il tombe de son cheval pour que l’effet de la grâce le saisisse. Une lecture plafonnée du Saint Père l’empêche de saisir ce que ce dernier a vu de prioritaire aujourd’hui, et de le suivre dans sa seule dimension religieuse, se réservant à lui la souveraineté de la vision politique. Le problème est que tout le monde confond tout.
Libre devant le pape que nous aimons
De toutes ces violences verbales pour ou contre les positions du pape, il ressort une absence de maturité chez les libres enfants de Dieu. On doit pouvoir juger favorablement ou défavorablement les propos d’un pape sur des questions temporelles sans pour cela vouer aux gémonies celui qui reste notre père. C’est faire preuve de la maturité d’un fils ou d’une fille de trente ans et plus que d’exprimer une opinion indépendamment de celle de ses parents. Cela ne les empêche pas d’aimer ceux-ci, de les écouter et de les respecter.
L’Église est vigilante sur l’autonomie de notre jugement. Je préfère être catholique que d’être soumis à l’obscurantisme républicain des médias et de nos gouvernants. Profitons de cette liberté.
Ce pape nous a été donné pour notre époque, époque où les souffrances des pauvres sont devenues abyssales, pour crier : Assez !
Voilà la raison de ma complicité intellectuelle avec le pape « social » et trop « bavard ». Le maurassien « que je serais devenu » après le ralliement de l’Église à la République aime son pape « social ».
Il nous secoue, oblige notre vieux monde qui perd le sens de la vie à se remettre fondamentalement en cause. Si je souscris à François, c’est parce que le drame est sans commune mesure en raison de la déchristianisation et l’impudeur des puissances vertigineuses des riches, du front bas et infiniment stupide de notre classe politique. La priorité d’une vision chrétienne de l’humanité est le respect de la vie, et la dignité des pauvres me semble s’imposer à nos intelligences.
Est-ce pour cela que j’abdique mon jugement sur les réflexions du Pape lors d’une interview ? Est-ce pour cela que je dois souscrire à sa position sur la façon dont il voudrait voir traiter le problème des réfugiés ? Est-ce pour cela que je dois m’abstenir d’apprécier une fumeuse discussion sur le diaconat des femmes ? Est-ce pour cela que j’adhère à sa façon de concevoir le rapport avec l’islam ? Si j’étais un homme politique en charge de ma patrie je lui dirais mes attentes et mes réserves avec le profond respect de l’amour d’un fils pour son père dont il connaît l’énorme charge et admire l’exceptionnel courage.
Le pape fait son job de pape parce qu’il est pape… Je regrette simplement le vide de toute stature politique en face de lui. Le problème est là et seulement là.
Y. M.
Sur ce sujet :
« Le pape et l’immigration : à chacun ses responsabilités« , par Philippe de Saint-Germain, Conscientia, 30 août 2017.
Je suis globalement d’accord avec cette analyse très équilibrée. Si l’on tient compte de l’explosion démographique de l’Afrique et l’inconscience de nos gouvernants européens, désinvoltes et imprévoyants, les propos du Pape sont même modérés. Pour ce qui est de l’Islam, le Pape François connaît le caractère pervers de cette idéologie mais considère qu’il existe des musulmans de bonne volonté en grand nombre. Son but est de les pousser à se déclarer.