LE CONSEIL D’ETAT juge que l’installation temporaire d’une crèche à l’initiative d’une personne publique, dans un emplacement public, est légale si elle présente un « caractère culturel, artistique ou festif, mais non si elle exprime la reconnaissance d’un culte ou une préférence religieuse ».
Il faudra nous expliquer comment une crèche composée de ses acteurs principaux — Jésus, Marie, Joseph — peut ne pas indiquer une « préférence chrétienne ».
Il n’y a rien à redire à la première condition du conseil d’État : une crèche dans un espace public est une œuvre culturelle. L’Eglise de France n’en fait pas justement une revendication, car il s’agit d’initiatives culturelles et non religieuses. Et les municipalités qui souhaitent des crèches dans leurs enceintes locales ont également raison, dans cette perspective culturelle. (Ne parlons pas ici de l’instrumentalisation politique de la chose.)
Mais une crèche culturelle qui gommerait toute référence religieuse serait une crèche inculte. Une crèche qui trahirait la vérité historique (des faits ou tout au moins de l’usage et de la tradition). Une crèche qui se moquerait de l’autorité de la science, dont l’autorité doit s’imposer à tous, quelle que soit son opinion ou sa religion. Une crèche sans Jésus comme il s’en est vu serait donc une atteinte à la laïcité.
Toutefois, ne boudons pas notre satisfaction. L’avis du Conseil d’Etat devrait laisser sa place au bon sens. Mais Dieu, que la laïcité de la République est sotte ! Pour sauver la culture et la laïcité, il ne reste plus que la religion.
En savoir plus :
La décision contentieuse du Conseil d’Etat