Faut-il le rappeler ? C’est un évêque catholique qui a bâti Douaumont. Après la guerre, celui qui fût appelé « l’évêque du front », Mgr Charles Ginisty, voulut que les corps des morts qui pourrissaient encore sur le champ de bataille fussent honorés dignement. Il décida d’édifier un ossuaire pour donner une sépulture décente à ces soldats et permettre à leur famille de se recueillir.
Trois ans après l’affrontement, c’est encore une baraque en planches qui fait office d’ossuaire provisoire. L’évêque de Verdun bat la campagne pour réunir les fonds au cours de « tournées patriotiques ». En 1919, il présente son projet : un monument à la gloire des morts de Verdun au point culminant du champ de bataille. « Sa forme comporterait une crypte qui serait la cathédrale des morts et la basilique de la victoire. »
Jusqu’en 1932, l’évêque parcourt la France et le monde. 122 villes françaises et 18 villes étrangères répondent à son appel. Le Canada et les États-Unis contribueront. Il réunira 14 millions de francs… dont un seul apporté par l’État. La première pierre est posée le 22 août 1920 par le maréchal Pétain, président d’honneur du Comité de l’Ossuaire, et Mgr Ginisty. Le monument : une croix posée sur le sol comme la garde d’une épée ; au centre, une flèche dressée vers le ciel, en signe d’espérance. Face au cimetière où s’alignent 14.000 tombes, l’ossuaire abrite les ossements de 130.000 soldats inconnus, français et allemands, mêlés pour l’éternité.
L’inauguration, le 8 août 1932 sera purement laïque et républicaine. Même si deux jours plus tôt une impressionnante cérémonie religieuse eût lieu en présence du cardinal Liénart entourés de nombreux évêques à Verdun.
D’après Marc Rochette, de la Société philomatique de Verdun, Mgr Ginisty conçut un « certain agacement » de voir un monument édifié grâce à des fonds privés récupéré par l’État pour en faire une nécropole nationale. On le comprend. En 1966, pour le cinquantenaire de la bataille, le général de Gaulle assista devant l’ossuaire à une messe avant le défilé militaire.
En 2016, autre temps, autre moeurs…
Publié par Aleteia
Source historique : Revue Prêtres diocésains, n° 1511, nov. 2014.