Résistance chrétienne

La résistance chrétienne se construit toujours dans l’espérance.

Le président Hollande proscrit à ses opposants l’emploi du mot « résistance ». Le temps de la dictature est révolu, dit-il. Certes, il faut se garder de tout excès dans l’appréciation de la réalité, et d’user de mots qui creusent les antagonismes. Le régime socialiste n’est pas une tyrannie sanguinaire. Mais il faut savoir lire les signes des temps.

L’ambition euthanasique, la chosification de l’embryon, la redéfinition autoritaire du mariage ne sont pas la marque d’un régime modéré. Et si ce régime ne supporte pas la contradiction, comme le prouvent le mépris de l’opposition parlementaire et les brutalités policières qui s’abattent sans mesure sur les braves gens, ce n’est pas seulement parce que nous sommes devant un État faible. Nous sommes devant un pouvoir idéologique dont la légitimité ne prospère que sur la dialectique de la violence.

Ce n’est pas la première fois que le peuple chrétien se trouve en première ligne pour s’opposer aux abus de pouvoir d’un État. Dans une réflexion sur les aspects bibliques de la responsabilité politique chrétienne en situation de résistance, le cardinal Ratzinger suggérait trois axes d’engagement (Église, œcuménisme et politique, 1987). Nous les rappelons :

1/ Affirmer sa présence. Devant le mythe irrationnel de l’État omnipotent, la mission première des chrétiens est d’affirmer leur présence pour rappeler aux puissants que leur pouvoir est inscrit dans un ordre qui ne leur appartient pas.

2/ Combattre le mal par le bien. Aux Hébreux asservis à Babylone, Jérémie dit : « Bâtissez des maisons…, plantez des jardins, recherchez la paix pour la ville où je vous ai déportés » (29, 5-7). Explication du cardinal :

« Le chrétien est toujours un élément constructif de l’État dans le sens où il réalise ce qui est positif, ce qui est bien, ce qui unifie. Il ne craint pas de favoriser ainsi le pouvoir du mal, mais il est convaincu que seul un renforcement du bien peut abattre le mal, diminuer le pouvoir du mal et le pouvoir des mauvais. »

Comprendre : 1/ la première résistance est dans son devoir d’état ; 2/ ne pas céder aux provocations de l’adversaire qui toujours tentera d’attirer ses opposants sur le terrain du mensonge, de la violence et du rapport de forces. Face à l’État totalitaire, Karol Wojtyla disait : « La première résistance ? Cesser de mentir. »

3/ Éclairer les consciences sur les principes fondamentaux de la vie politique (vie, mariage et famille, liberté d’éducation). La démocratie n’est pas en cause : l’Église dit oui au pluralisme politique mais non au pluralisme moral qui relativise la dignité de l’homme et divise les communautés. C’est pourquoi le magistère demande aux chrétiens de ne céder à aucun compromis sur les conditions éthiques de la démocratie.

Pour exprimer cette résistance, tous les moyens choisis avec discernement sont bons, à l’adresse des représentants de l’État, des élus de tous bords, sachant qu’ils sont un témoignage à l’égard de l’ensemble de la population. Les manifestations de rue, tout comme les initiatives nouvelles à prendre dans les mois et les années qui viennent, doivent s’inscrire dans ce registre, dans un but résolument constructif.

 

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