Les généraux de Trump, confesseurs du Président et gardiens de la cité

Trois grands professionnels pour conseiller le nouveau président américain : une même expérience, mais des écoles différentes.

DONALD TRUMP a désormais nommé trois généraux afin d’occuper les plus hautes fonctions de l’État américain : Michael Flynn sera Conseiller à la Sécurité nationale, James Mattis, secrétaire à la Défense, et John Kelly, secrétaire à la Sécurité intérieure. Cette militarisation de la haute administration ne doit pas nous étonner. Elle est inhérente aux temps de renaissance consécutifs à une crise impériale très grave.

Souvenons-nous à cet égard du IVe siècle romain, ou bien du sursaut opéré par la dynastie des Héraclides à Byzance, au cours de laquelle les structures administratives furent militarisées afin de sauver l’Empire. Les élites civiles en décomposition étant à l’origine d’une éclipse de l’intelligence, l’Empereur doit s’appuyer sur la seule élite de substitution en phase avec les réalités : celle des militaires.

L’autorité de la gravité

Ne nous y trompons pas : la militarisation de l’administration américaine, ne signifie en aucun cas une quelconque prise de pouvoir de l’État par les soldats. Le trait psychologique commun aux trois officiers généraux qui viennent d’être nommés est en effet leur gravité. Tous trois vivent en effet depuis plusieurs décennies au contact d’une étrange compagne : la mort.

John Kelly a perdu de nombreux soldats. Parmi eux, son fils, tué en Afghanistan en 2010. Les responsabilités écrasantes que ces hommes ont exercées au contact direct de l’ennemi les ont façonnés. La souffrance est inscrite sur leur visage. Leur sens du devoir est exceptionnel.

Donald Trump pourra compter sur leur fidélité absolue et leur franc parler en toutes circonstances. Tous trois savent commander. James Mattis n’a-t-il pas hésité à relever un colonel de ses fonctions en pleine campagne d’Irak ? Donald Trump, qui est naturellement attiré par la légèreté, va puiser dans la gravité de ces généraux. Ils seront les confesseurs du président.

Des points faibles

Ces trois généraux ont également leurs points faibles : Michael Flynn est le plus cassant des trois. Son management parfois brutal lui a valu de nombreux ennemis.

Sur ce point, James Mattis est plus habile et capable d’esquiver une question — comme en témoignent ses échanges avec les sénateurs. Pourtant, malgré ses lectures abondantes, Mattis est capable d’émettre des contresens absolus sur le Moyen-Orient.

D’un point de vue politique, Flynn et Mattis illustrent parfaitement les deux tendances géopolitiques distinctes qui cohabitent au sein de l’environnement de Trump : Flynn — malgré ses liens avec Michael Ledeen — se rapproche plutôt de la vieille droite pro-russe et modérée sur la question syrienne, tandis que Mattis a davantage de points communs avec les néo-conservateurs. Le général Kelly de son côté, n’a pas eu l’occasion d’effectuer de déclarations sur le positionnement géopolitique des États-Unis.

Aucun de ces généraux n’est porteur d’une vision du monde apte à modifier celle du président. Trump ne sera pas stimulé par leurs idées. Il sera en revanche soutenu de façon déterminante par leur force morale. C’est vers eux qu’il se tournera quand tout ira mal.

 

 

Donald Trump avec de gauche à droite, les généraux John Kelly, Michael T. Flynn et James Mattis.

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